lundi 2 juin 2014

De l'équité du temps de parole

Équité n. f.
  1. Caractère de ce qui est fait avec justice et impartialité.

Élections Présidentielles


La France, dont la devise contient le mot Égalité, et surtout le CSA, ne respecte pas cette notion lors des élections présidentielles. En effet, lors d'une élection présidentielle, le CSA vérifie la visibilité médiatique de chaque candidat. La règle suit le principe suivant :

Du 1er janvier à la publication officielle de la liste des candidats (mi mars)
Chaque candidat à un temps équitable (équitable mais pas égal). Ce temps dépends principalement des sondages, et résultats aux précédentes élections des partis politiques concernés. On voit déjà la un premier problème, pour les nouveaux partis qui ne vont disposer que de très peu de temps de paroles.
De la publication de la liste des candidats à deux semaine avant le premier tour (début avril)
Pour les candidats officiel, on observe une égalité du temps de parole, et une equité du temps d'antenne. Le temps d'antenne comprends le candidat lui-même ainsi que ses soutien. On a donc la encore une inégalité puisque certains partis vont pouvoir monopoliser les médias et appeler à voter pour X ou Y.
À partir de deux semaines avant le premier tour
Finalement, on en arrive (enfin) a un temps de parole et d'antenne égal pour tout le monde. Deux semaine avant le premier tour. Probablement suffisamment pour que les petits candidats rattrapent les deux premiers.
Je suis allé me balader sur le site du CSA qui publie les temps de paroles des candidats pour l'élection présidentielle de 2012. Étonnamment, le CSA ne publie pas les temps d'antenne des soutiens au candidats.

Pour la première partie, les temps de paroles de Nicolas Sarkozy et François Hollande étaient chacun de 25%. Marine Le Pen, François Bayrou et Jean-Luc Mélenchons tournaient autour de 10% de temps de paroles. Et pour les 25 autres candidats (ou aspirants candidats), ils se répartissaient les 20% restant. Ensuite, les temps de paroles sont bien respectés, mais les temps d'antennes suivent les mêmes tendances. Et bizarrement, on peut faire une corrélation quasi parfaite entre les temps d'antennes qui suivent le principe d'équité et les résultats au premiers tours de chaque candidat.

Ce n'est pas parce qu'il y a corrélation qu'il y a causalité !
Vraiment ? Si l'on regarde les résultats des élections présidentielles depuis 1958 (début de la Vè république), on remarque que ce sont toujours les mêmes partis qui se disputent le gateau. A gauche, le parti Communiste et le parti Socialiste. Au Centre, divers partis qui n'ont jamais duré très longtemps. A droite, le parti de droite qui change de nom toutes les décennies, l'UNR-UDR-RPR-UMP. Enfin à droite également le FN depuis 1988.

Alors dans un tel climat, où les médias se font les complices des gros partis pour monopoliser l'attention, comment voulez vous qu'un parti original, jeune, sans les moyens colossaux des quatre sus-cités, puisse se faire une place et espérer changer les choses.

Élections Européennes


Côté élections Européennes, le CSA à donné des directives début mai, concernant la couverture médiatiques des (nombreux) partis participant à l'élection Européenne. Officiellement, les 6 gros partis (Europe Ecologie, Front de gauche, Parti Radical de gauche, Parti socialiste, Union des Démocrates et Indépendants, Union pour un Mouvement populaire) ont droit sur chaque chaine (télé ou radio) à 20 minutes. Les 21 partis présentant plus de 5 listes en France, et donc considérés comme nationaux, ont droit à 2 minutes 52 secondes. Et pour les autres partis, rien.

Là encore, on observe équité et non égalité. Mais équité selon quel critère ? Les 6 gros partis sont simplement ceux représentés par des groupes parlementaires de l'Assemblée Nationale ou du Senat. Des pistonnés en quelque sorte. En gros, tant qu'un parti n'a pas d'élu, on n'en parle pas. Et donc il ne peut pas avoir d'élu puisque personne ne sait qu'il existe. Cercle vicieux pour les uns, vertueux pour les quelques qui se partage les sièges parlementaires depuis cinquante ans.

Mais, entre le début de campagne et la mi mai, seul 19 partis sur les 25 ayant droit à un temps de parole ont pu s'exprimer sur l'une des 10 principales chaines de télévision. Aussi, à 10 jours du scrutin, le 14 mai 2014, le CSA a fait un communiqué de presse, s'inquiétant du non respect des temps de paroles officiels de la part des différents médias.

Le Conseil a constaté l’existence de profonds déséquilibres dans la répartition des temps de parole et observé que des formations politiques n’avaient pas encore bénéficié d’un accès aux antennes.

En conséquence, le Conseil alerte vivement les responsables des chaînes de télévision et de radio, [...], sur la nécessité de veiller à respecter le principe d’équité avant la fin de la période [...]. Il leur reste dix jours pour ce faire.

Le 21 mai, le CSA a lancé un second communiqué de presse, vu le peu manque de volonté des chaînes à se soumettre au principe d'équité.

Le Conseil a constaté la persistance, après ses alertes successives, de déséquilibres marqués dans la répartition des temps de parole et observé que plusieurs partis ou groupements politiques n’avaient pas encore bénéficié d’un accès à certaines antennes.

À deux jours de la fin de la campagne, le vendredi 23 mai à minuit, le Conseil souligne l’extrême urgence pour les radios et télévisions de respecter le principe d’équité, en remédiant sans délai aux déséquilibres constatés.


Le décompte final relevé par le CSA est accablant. Sur les 30 partis ayant droit à une couverture médiatique (même minimale), TF1 n'a donné de temps d'antenne qu'à 16 (dont la moitié consacré au PS et à l'UMP), et l'ensemble des chaines publiques (France 2, France 3, France 5), pour 12 partis, a donné moins de 30 secondes d'antennes, quand le PS et l'UMP totalisaient 2 heures chacuns...

Et le CSA dans tout cela ? il "conclut à un respect global du pluralisme dans les médias audiovisuels. [...] Il regrette cependant que TF1 et M6 n’aient pas considéré devoir accorder une exposition significative à cette actualité électorale. [...] Le Conseil rendra public prochainement son rapport sur la campagne en vue des élections européennes dans les médias audiovisuels, dans lequel il formulera des propositions visant à mieux garantir encore le pluralisme politique."

Si, par pluralisme, on entend cette farce, de donner moins d'une minute d'antenne pour un parti, quand un autre possède 2 heures (sans compter la couverture médiatique tout au long de l'année), alors peut-être devrions nous changer de vocabulaire.

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